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2 févr. 2011

Etat des lieux de l'ostéopathie en Belgique : le rapport du KCE

Le 13 janvier dernier le KCE mettait à disposition son rapport sur l'état des lieux de l'ostéopathie (et de la chiropraxie) en Belgique. Voici un résumé du bilan qui en est fait.





L'ostéopathie apparait comme la pratique non-conventionelle à laquelle les patients ont le plus recours, avec 7% des sondés ayant eu recours à un traitement de ce type endéans l'année. Le motif de consultation principal reste bien évidemment le lumbago, comme on pouvait s'en douter, pour près de 55% des patients. Concernant les honoraires, ils se situeraient entre 25 et 50€.

La plupart des ostéopathes belges sont issus d'une formation en kinésithérapie (83%), et seulement 1% sont médecins.


 La pratique et les techniques utilisées diffèrent largement d'un ostéopathe à un autre, comme le souligne le KCE :
"Cette composition interne relativement ‘éclatée’ de
l’ostéopathie (trois piliers : viscéral, crânial et pariétal – voir profils de
compétence) contraste avec l’homogénéité de la chiropraxie"

Cependant, les manipulations de type HVBA, les techniques de "douces" de tissus mous ainsi que les variations autour des "trigger points" semblent constituer la majeure partie des traitements, avec respectivement 63%, 77% et 33%.


Concernant l'efficacité des techniques utilisées, le KCE déplore un trop faible niveau de preuve dans la plupart des parutions scientifiques à ce sujet. Les études les mieux conduites concluent en une efficacité certaine pour les cervicalgies, et à moindre niveau de preuve à une efficacité pour la lombalgie.
"Pour les douleurs dans le bas du dos (lombalgies), la plupart des effets rapportés
se situe en dessous des seuils de pertinence clinique tels qu’ils ont été établis par le
Cochrane Back Review Group (référence de la médecine basée sur les preuves).
Pour les douleurs à la nuque (cervicalgies) chroniques et subaigües, il y a des
indications d’une certaine efficacité des manipulations et mobilisations."

L'ostéopathie chez le nourrisson ne fait pas non plus l'unanimité. Le KCE conclue à une absence de preuve dans la démonstration d'effets positifs dans le cadre de torticolis, reflux ou coliques.


Concernant la sécurité des patients, le rapport du KCE se veut globalement rassurant. Si des effets secondaires légers s'avèrent très fréquents (30 à 60% des cas), les données concernant les risques de complications graves ne permettent pas d'affirmer qu'elles sont plus ou moins dangereuses que la prise d'anti-inflammatoire.


Enfin, le KCE revient sur l'état de la législation en Belgique, et  du retard que continue d'accumuler la loi Colla de 1999. Il souligne également l'importance d'une prise de position rapide dans la reconnaissance de la profession pour la sécurité des patients :
Comme nous venons de le mentionner, en l’absence de reconnaissance des thérapeutes
et de protection du titre d’ostéopathe ou de chiropracteur, les patients n'ont aucun
moyen objectif d'être guidés dans leurs choix d’une thérapie ou d’un thérapeute
particuliers. Ils ne peuvent actuellement faire reposer leur confiance que sur leurs
expériences subjectives et celles de leurs connaissances. De plus, les cabinets des
thérapeutes étant exclusivement privés, ils ne peuvent faire jouer la confiance en une
institution (maison médicale, polyclinique, hôpital, etc.) dans laquelle s’intégreraient ces
pratiques.

Le "contrôle" de la pratique est également un thème d'intérêt. La grande variété de la pratique liée au manque de preuve scientifique interpelle, de même que l'utilisation frauduleuse d'un numéro INAMI pour permettre le remboursement de soin n'y ayant normalement pas accès.


Le KCE mentionne pour finir l'académisation de l'ostéopathie. Voici, selon le KCE, les conséquences de l'entrée de la profession dans un cursus universitaire :
Développement d’une certaine ostéopathie : l’enseignement de l'ostéopathie à l’université implique de renoncer à certaines techniques et certains concepts piliers de la discipline originelle. Seule une des deux visions de l’ostéopathie pourra donc être enseignée en milieu universitaire.
Fermeture ou reconversion des écoles privées : La plus grande accessibilité financière d'une formation en ostéopathie à l'université risque de mener les nombreuses écoles privées à fermer leurs portes, faute d’étudiants. La solution déjà adoptée par l’une d’entre elles est de se reconvertir dans la formation continuée ou en Haute Ecole et de s’insérer ainsi dans le cadre des accords de Bologne. Ainsi, les écoles privées risquent donc de devenir des lieux où l’enseignement des techniques crânio-sacrales et viscérales perdurera, en dépit de l’absence de preuves scientifiques.
Evolution du titre de D.O: actuellement, le titre de D.O. (Diplômé en Ostéopathie) n’a pas de valeur au niveau européen. Les ostéopathes souhaitent faire évoluer ce titre vers le titre de Master, obtenu après une formation universitaire ou dans une Haute Ecole.
Difficultés de constitution d’une patientèle: la constitution de la patientèle d’un ostéopathe se faisait jusqu’à présent progressivement, en combinant une autre pratique paramédicale. En arrivant au bout d’un cursus de formation secondaire puis universitaire, sans passage par la vie
professionnelle, les futurs ostéopathes manqueront d’expérience et d’opportunités de
se faire connaître. La solution adoptée par les chiropracteurs est d’instaurer une année
de stage professionnalisant à la fin de leur formation.
Cadre pour développer la recherche scientifique : en franchissant les portes des universités, outre le cadre d’enseignement, l’ostéopathie se retrouve dans un cadre de recherche scientifique. A condition de trouver des financements, elle se trouve en bonne position pour mettre en place des études permettant d’éprouver son efficacité.

Le KCE mentionne toutefois:
"Nous ne disposons d’aucune information quant
au rapport coût / efficacité de ces techniques."
Ils oublient  dans leur bibliographie une étude de Canter et Thompson, concluant que si l'ostéopathie pratiquée de manière isolée n'est plus efficiente (comprenez ne possède pas un meilleur rapport coût/efficacité) qu'une prise en charge conventionnelle, elle le devient lorsqu'elle intègre le système de soin déjà en place, en permettant de réduire le nombre de séances et le cout total du traitement d'un patient dans l'ensemble des services.


Sources :
Rapport du KCE
Synthèse du rapport
Etude de Canter et Thompson

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